Maintenant, tout le monde s’accorde à dire que les intestins sont notre 2ème cerveau. En occident, depuis des travaux scientifiques récents qui datent d’une quinzaine d’années. Mais en Asie depuis des millénaires, les taoïstes considèrent les intestins comme le siège de nos émotions.D’ailleurs pas besoin de l’université pour se rendre compte combien nos intestins sont liés de façon hyper directe à nos sentiments, la sagesse populaire en a d’ailleurs tiré nombre d’expressions : « avoir la peur au ventre », « avoir la boule au ventre »…

En kinésithérapie, trop souvent nous ignorons l’abdomen de nos patients. C’est vrai qu’ils viennent rarement avec une prescription concernant le système digestif.Et pourtant, vous seriez surpris de constater combien intervenir sur le ventre de vos patient permet d’aider à résoudre efficacement de nombreuses affections. En rhumatologie, les douleurs aiguës ou chroniques de la colonne vertébrale (mais aussi de n’importe quelle autre articulation) réagissent très vite à un certain type de massage du ventre. En pelvi-périnéologie, cela parait évident, les classiques le font déjà. L’approche asiatique est différente et très complémentaire.

Pour la gestion du stress (on connait notamment l’incidence du niveau de stress sur les phénomènes douloureux) et pour celle de toutes les affections psycho-émotionnelles.En bref, il n’est pas exagéré de dire que pratiquement tous vos patients pourraient bénéficier d’un massage du ventre bien conduit.


Mantak Chia a révélé il y a plus de trente ans un art millénaire taoïste : le Chi Nei Tsang. Pour faire simple, le CNT intervient sur l’abdomen par le biais du massage et du Qi Gong. Cette technique est très souvent citée par les médias et tend de plus en plus à s’imposer comme la référence absolue.Son enseignement se déroule au Tao Garden près de Chiang Mai (avec Mantak Chia lui-même si vous avez de la chance)  ou encore en France avec l’un de ses instructeurs agréés. Une formation très longue, trois ans au moins. 


Le Chi Nei Tsang c’est sans aucun doute le must du massage abdominal.
Mais soyez persuadé qu’un kiné, pour peu qu’il s’y intéresse quelques jours, est tout à fait capable d’appliquer sur ses patients des soins efficaces. Même s’il n’a jamais été formé au préalable à la médecine asiatique !Lire un ventre – apprécier sa forme, son volume, ses creux et ses bosses, la forme de son nombril – c’est assurément pénétrer plus avant dans l’intimité du patient avec pour objectif de mieux le comprendre dans sa globalité somatique et émotionnelle. Pour ainsi mieux l’aider dans sa démarche de soin.


Certaines techniques à la mode et relativement récentes (comme l’EFT du Dr Craig ou la PBA du Dr Delatte) insistent sur les automassages de certains points d’acupuncture. Dans le même sens, vous pouvez enseigner à vos patients un automassage simple de l’abdomen, inspiré des techniques qui l’ont soulagé pendant vos séances. Une façon supplémentaire de lui confirmer que sa santé lui appartient, que c’est à lui de se prendre en charge.


A la mode ou pas, n’oubliez pas combien le ventre est une zone fragile. Un minimum de connaissances anatomiques et physiologiques semblent un préalable indispensable avant de le masser : à l’asiatique ou autrement. Les kinésithérapeutes ont cet acquis, ce n’est pas le cas de tout le monde !


Pour une bibliographie « à minima » :

Giulia Enders « Le charme discret de l’intestin », Actes Sud, 2015 (best seller en France et en Allemagne : des millions d’exemplaires déjà vendus. Comme quoi l’intestin peut faire recette !)

Pierre Pallardy « Et si ça venait du ventre », R. Laffont, 2002 (il relate son expérience de 25 ans : bien avant que la science démontre toute l’importance de l’intestin ! Un vrai pionnier , son métier : kinésithérapeute !)

Mantak Chia « Chi Nei Tsang, massage Chi des organes internes », G. Trédaniel, 2010 (parmi de très nombreux ouvrages de cet initiateur)