Le concept d’ethno-formation, vous connaissez ?
Un contenu identique à celui qui est proposée en France avec un « plus » très conséquent : le stage se déroule en immersion dans le pays d’origine.
Ainsi, notre formation de Massage Thaï Traditionnel prend-elle une toute autre dimension lorsqu’elle est programmée en Thaïlande. Rentrons un peu dans le détail de cette 5ème édition (en novembre 2019).
Le contenu en France
21 heures de cours, sur 3 journées.
Au programme : un peu de théorie (3 heures) et surtout beaucoup de pratique (18 heures). L’objectif est de pouvoir réaliser un protocole bien-être d’une heure avec une courte introduction à l’approche thérapeutique.
Les supports pédagogiques : une projection informatique Power Point, un polycopié d’une centaine de pages, 3 articles « professionnels » sur le thème, une vidéo du protocole, une plaquette de présentation du Nuad Bo Lann pour la salle d’attente.
Le contenu en Thaïlande
Absolument le même avec des « plus » très conséquents. En tout, cette ethno-formation compte pas moins de 40 heures réparties agréablement (et très efficacement) sur un séjour de 9 jours sur place.
En ce qui concerne les supports pédagogiques : une vidéo de tous les exercices (prise de vue sur place, pendant la formation, et montage définitif remis aux stagiaires avant la fin du séjour). Ceci est rendu possible par le temps dont nous disposons.
En ce qui concerne la pratique : 4 massages reçus par chacun des stagiaires par des masseurs ou masseuses thaïs.
- Au Wat Po de Bangkok. Un lieu mythique, de renommée mondiale, la toute première École de Massage Traditionnel en Thaïlande. Massage d’une heure. Prise de photos et de quelques vidéos montrant certaines particularités techniques de l’École (notamment des pressions sur les ischio-jambiers avec la plante du pied tenues une quinzaine de secondes, fait tout à fait original. De même un masseur, probablement lui-même professeur, qui utilisait systématiquement une serviette pour ne pas masser la peau directement).
- Au Spa Lanna de Chiang Maï : un cadre fabuleux et des tenues (tant pour les masseuses que pour les personnes massées) d’une grande finesse. Bel exemple de ce qui pourrait être adapté puis proposé dans un centre ou dans un cabinet « haut de gamme » en métropole. Pour certains, le massage s’est même déroulé sur une table haute. Ce n’est pas fréquent en Thaïlande et cela peut être une idée retenue par ceux qui répugnent à masser (ou à se faire masser) au sol.
- Centre villageois de Baan : un massage d’1h30, durée exceptionnellement proposée en France. Une quinzaine de stagiaires massés dans la même pièce par des masseuses « de campagne ». Belle expérience de ce qui se vit au quotidien pour la population locale. La plupart des stagiaires ont été impressionnés par la qualité de cette prestation, certains ont même trouvé que c’était leur meilleur ressenti de tous les massages expérimentés.
- Nuad Thao, la réflexologie plantaire thaïe, au marché de nuit : dans la rue. Des prestations réservées à la Thaïlande, de qualité et… évidemment introuvables en France.
En ce qui concerne l’immersion dans le quotidien et le mode de pensée asiatique.
Rien de mieux qu’un séjour sur place pour prendre conscience du paradoxe omniprésent en Asie. Ainsi, surtout en campagne, les thaïs impressionnent par leur douceur de vivre. Pourtant, ainsi que nous le révèle le journaliste Guido Franco dans un article de la revue Autrement, ne nous y trompons pas : « lorsque le sourire du Thaï disparait, le couteau n’est pas loin ».
Ces traits volontiers antagonistes transparaissent aussi dans le Nuad Bo Lann : une alternance voulue de techniques soft et de pressions fermes.
Plusieurs visites de temples directement en rapport avec le massage pour mieux nous en faire comprendre les racines.
- A Bangkok : le Wat Po, déjà cité, très célèbre pour son Bouddha couché de 46 mètres de long et 15 de haut. Plus ancien et surtout plus étendu Wat de la capitale, on trouve en son sein 2 salles dédiées l’une au massage avec des représentations de lignes d’énergie (les « Sen ») gravées sur les linteaux en marbre. L’autre est consacrée aux maladies de la femme avec des peintures murales présentant différentes attitudes du Padung Khan, la prise en charge thaïe du post-partum.
- Sur la partie Est du temple, se trouvent 2 autres « sala », des pièces ouvertes sur 3 côtés et qui chacune réunissent une vingtaine de matelas de massage. Les touristes s’y font masser. Autrefois (il y a une trentaine d’années) c’est dans l’une de ces « sala » que nous étions formés. Maintenant l’École est située en dehors du Wat, dans une des ruelles adjacentes.
- Il existe dans les allées du temple plusieurs tumulus avec des statues représentant des attitudes plus ou moins spectaculaires de Rushie Dutton, le Yoga thaï. Cette pratique traditionnelle débute très souvent, à titre d’échauffement, une journée de cours en Thaïlande. A nous de nous en inspirer avant d’exécuter notre séance de massage.
- Autre temple de Bangkok, le Wat Phra Kéo dénommé aussi le Bouddha d’Émeraude et le Palais Royal. Une grande et imposante statue trône dès l’entrée principale Ouest : Shivago Komarpaj, médecin et ami de Bouddha, serait le père du massage et de la médecine thaïs. Comme chaque année, une photo de notre groupe devant ce monument rappelle combien Shivago est honoré chaque matin dans tous les instituts de formation : une longue prière récitée 3 fois, en position respectueuse de « waï ».
- Une expérience originale, en vélo, dans les ruelles tortueuses de la ville chinoise : découverte, quasi impossible à faire en solo, des échoppes les plus improbables et notamment des petites pharmacies traditionnelles qui regorgent de plantes, herbes et tisanes locales.
- Chiang Maï est devenue la capitale du massage traditionnel : des centaines de spas fleurissent dans la ville. Elle accueille aussi des Écoles fort réputées dont le fameux Old Medicine Hospital assez récemment rénové. Lorsque nous y avons étudié il y a trente ans, le lieu n’avait rien d’impressionnant, seule comptait la valeur de ses formateurs. Une antenne de l’École du Wat Po est présente dans la « ville au cent temples » : nous y aimons l’ambiance beaucoup plus décontractée et sympathique que dans la maison mère de Bangkok.
- Nous avions la chance de loger dans un hôtel – superbe établissement – à une quinzaine de kilomètres de Chiang Maï, en pleine campagne : l’occasion de partager des expériences amusantes et originales de transport en commun avec les « songthaews » rouges, les taxis locaux, lors de certaines de nos virées à la ville. Et puis la campagne, c’est une ambiance bien particulière : le calme des rizières.
- Autre expérience, rare et riche d’enseignement pour percer le mode de vie des thaïs : notre matinée chez Monsieur Prabath. L’occasion de découvrir une famille « Lanna », traditionnelle du nord de la Thaïlande, avec son habitat particulier dans des vieilles maisons en teck et son immense jardin qui regorge de plantes médicinales. Sous la direction pleine de bonne humeur du seigneur des lieux, nous avons fait plusieurs ateliers : la confection de pochons pour le massage aux herbes, la réalisation de quelques plats savoureux locaux et aussi, après le déjeuner, des fameux « khratongs », ces petits bateaux en feuilles de bananier ornés de fleurs et d’une bougie, qui seront lancés par chaque stagiaire pour célébrer la fête de la lumière, juste avant notre départ.
Avec Dominique, depuis 1979, nous avons organisé ou accompagné de nombreux séjours professionnels en Asie : cinq à Shanghai en Chine Populaire pour des stages hospitaliers d’acupuncture et des dizaines en Thaïlande (Chiang Maï, Bangkok, Ko Phi Phi et Krabi) pour des formations de massage. Nous prétendons donc bien connaître les sites dédiés au Nuad Bo Lann.
Malgré tout, Thomas Prothon avec son organisme Masseurs du Monde nous a souvent surpris et nous a même fait découvrir des aspects de la culture thaïe que nous ignorions. Merci à lui.
Sawadee krap
(au revoir, en langue thaïe)
Novembre 2019